Le taïjiquan : un art du Dao !
Par Gilles le jeudi, juillet 10 2014, 22:08 - Chroniques - Lien permanent

Le taïjiquanest un art du Dao, mais, qu’est-ce que le Dao ?
Laissons Lao-Tseu et Ge Hong nous en dire plus.
Lao-Tseu (milieu du Ve siècle av. J.-C.) est un des pères du taoïsme et Ge Hong (283 – 343) est connu dans la tradition chinoise comme un alchimiste, un médecin, un maître taoïste et un "immortel".
Le Dao selon Lao-tseu
Une puissance
indéfinissable et confuse
existait depuis l’éternité.
Elle était
avant la naissance
du ciel et de la terre.
Perfection indéterminée.
Energie éternelle.
Mouvement sans fin.
Mouvement immuable.
Force unique.
Omniprésente.
Impérissable.
Sans nom
mais connue de tous.
Mère et principe créateur
de l’univers.
Nul ne connaît son nom.
On l’appelle le Tao.
Il échappe à toute définition.
Invisible, il est immense.
Immobile, il se propage à l’infini.
En fuyant, il revient.
Ainsi, immense est le Tao.
Immenses
le ciel et la terre.
Immense
l’être.
Quatre immensités dans l’univers,
dont l’être.
L’homme épouse
le rythme de la terre,
la terre s’accorde
avec le ciel,
le ciel s’harmonise
avec le Tao.
Le Tao est la loi,
la voie de la nature.
Et la voie demeure, éternelle.
Lao Tseu,
Tao Tö King,
Le livre de la voie et de la vertu,
nouvelle traduction de Conradin Von Lauer, Editions Jean de Bonnot 1990, Chapitre XXV
Le Dao selon Ge Hong
Le Mystère, dit-il, est l’ancêtre premier du Spontané,
la souche des multiples diversités.
Insondable et obscur en sa profondeur, aussi le dit-on imperceptible ;
étiré au loin dans la distance, aussi le dit-on merveilleux ;
si haut qu’il couvre les neuf empyrées,
si large qu’il encercle les huit points cardinaux ;
lumineux plus que le soleil et la lune,
prompt plus que l’éclair rapide ;
tantôt il brille soudain et disparaît comme une ombre,
tantôt il jaillit en tourbillon et file comme une comète ;
tantôt agité de remous profonds comme en un gouffre clair,
tantôt floconneux et brumeux, il s’élève en nuées ;
il prend forme et genre, et il est (you),
il s’en remet à l’obscurité et à la solitude, et il n’est plus (wu) ;
il s’immerge au-delà dans la grande ténèbre et s’enfonce profond,
il s’élève au-dessus des étoiles et flotte très haut ;
le métal ni la pierre ne peuvent égaler sa dureté,
et l’humide rosée ne peut atteindre à sa douceur.
Carré sans équerre, rond sans compas,
il vient et personne ne le voit,
il part et personne ne le suit ;
par lui, le ciel est haut, la terre basse,
par lui, les nuages courent, la pluie se déverse.
Il porte en lui l’embryon de l’Origine Une,
il forme et modèle les deux Principes (Yin et Yang),
il exhale et absorbe la grande Genèse,
il incite et transforme la multitude des espèces,
il fait tourner les constellations,
il a façonné la Ténèbre primordiale,
il mène le ressort merveilleux de l’univers,
il exhale les quatre saisons,
il enclôt dans l’obscurité le vide et le silence,
il libère et déploie l’abondance naturelle,
il fait descendre ce qui est lourd et monter ce qui est léger,
il fait couler les fleuves Ho et Wei.
Qu’on y ajoute, et il n’augmente pas,
qu’on y retranche, il ne diminue pas,
qu’on lui donne, il n’en est pas glorifié,
qu’on lui ôte, il n’en souffre pas.
Où le Mystère est présent, la joie est infinie,
où le Mystère s’en va, l’efficience s’épuise, l’esprit disparaît.
Cf. Histoire du taoïste, Isabelle Robinet, cerf, 1991, p. 88.
