Le printemps du taïjiquan -la véritable écoute des mains


Le taïjiquan comprend plusieurs techniques. Certaines s’effectuent au sol au d’autres debout, tels les fameux mouvements qui ressemblent à un combat exécuté lentement. Voici une technique une technique toutes simple mais très importante qui résume et révèle toutes les autres techniques du taïjiquan.


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TECHNIQUE DE L’ÉCOUTE DES MAINS

Consignes (en version abrégée) :
  1. En position assise, frotter les mains jusqu’à l’apparition de chaleur.
  2. Secouer les mains durant quelques secondes.
  3. Placer les mains sur les cuisses, paumes vers le haut.
  4. Écouter les mains.
Consignes additionnelles
Si la véritable écoute des mains ne se produit pas, il faut « jouer » à écouter les mains. Les jeux sont courts, légers et toujours dominés par la facilité. Éventuellement, sans prévenir, la véritable écoute des mains se produira. Voici quelques exemples de jeux :
  • Partir à la recherche de la chaleur, de la densité et des vibrations dans les mains
  • Suivre les vibrations qui naissent, qui se déplacent et qui disparaissent.
  • Comparer les doigts entre eux.
  • Comparer des petites zones des mains entre elles
IMPORTANT :
La séance devrait être courte et ne pas comporter des efforts intenses de concentration.
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LA VÉRITABLE ÉCOUTE DES MAINS :
Durant l’écoute des mains il peut arriver que les mains viennent nous chercher. Il s’agit de la véritable écoute des mains dans laquelle il n’y aucun effort et rien à ajouter. À ce moment, l’initiative semble provenir des mains qui nous captivent à la façon d’un arc-en-ciel, d’une aurore boréale ou d’un coucher de soleil.
« Premièrement, vous videz votre esprit de toutes les préoccupations quotidiennes ; deuxièmement, vous mettez de côté les pensées qui viennent pendant la retraite ; troisièmement, vous oubliez la méthode elle-même ; quatrièmement, vous vous oubliez vous-même ; cinquièmement, vous oubliez l’environnement. Ayant évacué les problèmes extérieurs, les pensées actuelles, la technique, le soi et l’environnement, vous êtes entré dans le samâdhi. » Sheng-yen
CONTEXTE
Si la véritable écoute des mains ne se produit pas, d’autres phénomènes viennent la remplacer : nous tombons dans la rêverie, nous plongeons dans la réflexion, nous sommes pris dans des émotions, nous sommes distraits par des sensations visuelles, auditives, olfactives, gustatives ou tactiles, des petits inconforts, des petits malaises, etc.

La technique de l’écoute des mains est la plus importante de toutes les techniques du taïjiquan. Elle est la première et la dernière. Apprise lors du premier cours et perfectionnée au fil des autres, elle précède et résume toutes les autres techniques. On s’y prépare au début de chaque cours. On s’y exerce au début de chaque séance de pratique guidée. Elle peut s’effectuer dans chacun des mouvements de taïjiquan. Les mouvements de taïjiquan sont d’ailleurs construits pour aider à sa réalisation.



LES MOUVEMENTS VÉRITABLES DU TAÏJIQUAN

La véritable écoute des mains permet aussi de comprendre la véritable façon d’exécuter les mouvements du taïjiquan qui consiste à les laisser s’effectuer en enlevant tout ce qui peut nuire à leur exécution. L’apprentissage du taïjiquan est la cessation graduelle de ce qui entrave les mouvements naturels. On ne peut produire la véritable écoute, pas plus qu’on ne peut produire les mouvements véritables du taïjiquan, car ceux-ci ne peuvent qu’arriver naturellement, si on cesse de s’y opposer.


La véritable écoute des mains est le printemps du taïjiquan. Toujours surprenante, toujours elle nous rejoint, même après un long hiver.

La véritable écoute des mains correspond à la finalité profonde du taïjiquan.


Dans la plus grande joie
Le printemps est arrivé

Dans la plus grande joie
Le soleil nous a touché




Bach - In dulci jubilo (Dans la plus grande joie)


Pablo Picasso - Le printemps - 20 mars 1956



L’écoute véritable des mains équivaut au véritable printemps,
celui qui ne dépend ni des saisons,
ni de la température.
ni de nous-même,
ni de personne.



Ce qui sera, quand cela sera, c’est cela qui sera ce qui est.

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Fernando Pessoa (1888-1935) – 7-11-1915 – Traduction d’Armand Guibert